Saint-Jean-de-Védas :
Samedi 12 avril, soit trois jours après le conseil municipal particulièrement agité du 9 avril, la situation budgétaire de Saint-Jean-de-Védas reste bloquée.
Depuis plusieurs mois, les conseils municipaux de Saint-Jean-de-Védas se transforment en arènes politiques. La situation financière et l’affectation des résultats de l’exercice 2024 ne sont plus de simples points à débattre : ils sont devenus le symbole d’un malaise profond qui remonte à la perte de majorité du maire François Rio, le 10 septembre 2024. Déjà, lors du conseil municipal du 4 avril, le vote du budget primitif 2025 avait dû être reporté au 9 avril, signe évident que la discorde persistait et minait la capacité de la municipalité à avancer sur ses projets. Ce mercredi 9 avril, c’est un nouveau blocage déterminant qui a marqué les échanges. Alors que la date butoir du 15 avril approche, au-delà de laquelle l’État pourrait reprendre la main sur la gestion financière, le conseil municipal s’est enlisé dans une impasse politique et technique.
Le conseil municipal vire à l’impasse
La tension a culminé lors du dernier conseil, ce 9 avril. L’opposition a refusé de voter l’affectation du résultat 2024, étape indispensable avant toute discussion budgétaire, considérant qu’un excédent de 2 millions d’euros n’était pas justifié ni correctement fléché. La séance a alors basculé dans une séquence ubuesque. Le maire a d’abord suspendu la réunion, avant de la reprendre pour faire voter certaines délibérations essentielles, comme les subventions aux associations ou les taux d’imposition. Face à un conseil divisé, seules les voix favorables restantes ont permis leur adoption, dans l’attente d’une validation préfectorale. “Si le préfet valide, j’ai gagné une heure au prochain conseil en passant une dizaine d’affaires. Sinon, tant pis”, commente-t-il avec une pointe d’ironie.
L’ambiance, elle, s’est envenimée. Le maire évoque “une opposition qui chante en séance”, des échanges dignes “d’une cour d’école” et anticipe “une campagne très sale”. Il assure néanmoins “garder son cap”, persuadé que les critiques actuelles ne reflètent pas la réalité de sa gestion : “Ce n’est pas un budget symbolique sorti à un an des municipales. C’est un budget de long terme, bâti depuis 2021.”
Un excédent de 2 millions d’euros qui divise
L’un des points les plus sensibles évoqués par l’opposition reste l’excédent de 2 millions d’euros à l’issue de l’exercice 2024. L’opposition y voit la preuve d’une gestion déséquilibrée : “Cet argent dort alors que la commune manque d’investissements structurants”.
François Rio conteste cette lecture : “Ces 2 millions d’euros ne sont pas un “trésor caché”. Ce sont des sommes affectées à des projets déjà lancés. Ce sont des factures à payer.” Il accuse l’opposition de jouer sur les perceptions : “On parle d’argent non utilisé, mais il s’agit simplement d’un décalage technique.”
Des propositions jugées irréalistes
L’opposition avance pourtant des pistes. Le groupe Aimer Saint-Jean a proposé une baisse de deux points de la fiscalité locale. François Rio juge cette proposition démagogique : “Cela représente 583 000 € de recettes en moins. Cela veut dire des coupes dans les services publics. Personne n’ose le dire, mais c’est ça, la réalité.”
Il poursuit : “Certains proposent d’aller plus vite sur les projets. Mais la maîtrise foncière, les appels d’offres, les contraintes administratives… tout cela prend du temps. Il faut de la patience et de la cohérence.”
Des finances saines, mais une gouvernance fragilisée
Sur le fond, le maire défend un budget “maîtrisé”, avec un faible niveau d’endettement (2,7 années de capacité de désendettement) et une épargne brute solide (2,7 millions d’euros). “Peu de communes peuvent se targuer d’avoir des indicateurs aussi solides”, pointe-t-il.
Mais la réalité politique est plus compliquée. Sans majorité, François Rio peine à faire passer ses dossiers. Il accuse une partie de l’opposition d’avoir changé de posture : “Certains élus qui votaient tout avec moi, parfois en commission, se rétractent sans préavis en séance. C’est de la politique politicienne. Et ce budget, c’est ensemble que nous l’avions préparé”.
Vers une reprise en main par la préfecture ?
Si aucune solution n’est trouvée d’ici le 15 avril, la préfecture pourrait être amenée à voter le budget à la place du conseil municipal. Un scénario que tous disent vouloir éviter, mais que chacun envisage différemment.
Pour l’opposition, c’est un moindre mal : “Au moins, le budget sera neutre, réaliste, et sans surpromesses.” Pour François Rio, ce serait un échec collectif : “La préfecture ne connaît pas nos priorités locales comme nous. Cela ralentirait tout.”